" La Castagnalette "  Sauveterre la Lémance

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Le château vu de l'entrée de la castagnalette

le chateau vue de la maison
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Résumé de l’historique du château de Sauveterre

- Le contexte général
La terre de l’Agenais a d’abord quitté la mouvance plantagenaise à la fin du XIIéme siècle. Elle fut remise par Richard Cœur de Lion comme dot à sa sœur Jeanne, lors de son mariage avec le comte de Toulouse Raymond VI. Cette suzeraineté toulousaine fut remise en question au milieu du XIIIéme siècle, car le traité de Paris de 1259, prévoyait le retour de l’Agenais au roi d’Angleterre dans le cas ou la lignée raymondine viendrait à s’éteindre. Ce qui se produisit en 1271, la dernière descendante des comtes de Toulouse, Jeanne de Poitiers (petite-fille de Raymond VI), femme d’Alphonse de Poitiers (frère de St Louis), disparut sans héritier, peu de temps après son époux. Philippe III le hardi (fils de St Louis), roi de France, dès qu’il apprit la mort de son oncle, envoya des lettres à guillaume de Cohardon, sénéchal de Carcassonne, afin d’opérer, en son nom, la saisie du comté de Toulouse, ainsi que de tous les domaines de la dynastie raymondine, (Agenais compris). Le sénéchal, aidé de quelques autres commissaires, exécutât sur le champs l’ordre du roi (octobre 1271).
Philippe III voulait en effet recueillir tout l’héritage en vertu du traité de Meaux-Paris passé en 1229 entre Louis IX , roi de France, et Raymond VII , comte de Toulouse. Mais Henry III (d’Angleterre) réclama l’Agenais ainsi que le Quercy et la Saintonge, en vertu des droits qu’il détenait de Jeanne d’Angleterre, fille d’Henry II , droits réaffirmés lors du traité de 1259. Tandis que le roi de France prenait possession du comté de Toulouse, Henry III envoyait auprès de lui l’abbé de Westminster et Jean de la Lynde pour demander, en son nom et conformément au traité de 1259, toutes les terres qui devaient lui revenir après la disparition d’Alphonse et de Jeanne de Poitiers.
Henry III par conséquent demandait à Philippe III de remplir et d’exécuter les clauses du traité que lui-même avait, tout jeune encore, juré d’observer. Mais les démarches des ambassadeurs du roi d’Angleterre restèrent sans résultat. Le 28 janvier 1272, Henry III délégua de nouveaux envoyés auprès du roi de France pour réclamer l’Agenais et la Saintonge. Sa mort le 16 novembre 1272 mit fin à ses revendications. Ce fut son fils Edouard I ( « bâtisseur » du château de Sauveterre la Lémance ) qui reprit le flambeau, en rentrant de terre sainte. Il réclama à son tour la restitution intégrale des terres stipulées dans le traité de 1259. Malgré les protestations d’Edouard 1er, Philippe III trouva moyen d’ajourner la question, même pour l’Agenais sur lequel les droits du roi d’Angleterre étaient incontestables, en lui allouant une rente qui fut fixée en 1273 à 3720 livres, 8 sous et 6 deniers tournois. Philippe III ne céda l’Agenais à Edouard Ier, qui fut quitte de la rente, que six années plus tard le 28 mai 1279 par le traité d’Amiens. Au mois de juin Edouard I désigna son oncle, guillaume de Valence, pour recevoir en son nom l’Agenais. Ce n’est seulement qu’a la fin de l’année 1280 que la situation administrative de l’Agenais fut complètement stabilisée, après que Jean de Grailly eut été officiellement nommé par Edouard Ier sénéchal de Gascogne, Agenais, Limousin, Périgord, Quercy, et Saintonge. Cette nomination fit de lui le maître absolu du duché, après le roi.
Les motivations du roi Edouard I, dans le choix du site de Sauveterre pour l’édification d’une forteresse.
Il est facilement notable, dans un premier temps, que cet emplacement précis présente des caractéristiques géographiques très intéressantes. Le château est perché sur un éperon rocheux qui domine deux vallées, celle de la Lémance et celle du Sendroux. De plus au XIIIéme siècle, la route principale qui allait de Fumel à Villefranche (puis Périgueux), passait non pas par la vallée, mais par le sommet des collines, ainsi le château contrôlait aussi cet axe de communication.
Dans un second temps, la paroisse de Vars se situe « à la frontière » des possessions du roi d’Angleterre.
  • Au Nord, la bastide de Villefranche est une possession du roi de France (héritage d’ Alphonse de Poitiers fondateur de la Bastide).
  • A l’est, le Quercy, dont les droits furent rachetés au roi d’Angleterre (plus ou moins forcé) par le roi de France en août 1286 pour la somme de 3000 livres tournois.
Dans un troisième temps, on a pu remarquer, grâce aux travaux de P. Simon, que cette partie du Haut Agenais, composée de la vallée de la Lémance, était un des lieux ou l’hommage était le moins bien rendu.
On peut donc mieux comprendre l’intérêt politique et militaire de ce château royal, noyé dans un réseau castral peu reconnaissant de l’autorité qu’est sensée représenté le duc d’Aquitaine.
Du point de vu politique, l’influence du prince dans la vallée de la Lémance est faible, d’autant plus que les autres points forts du prince sont assez éloignés. En effet, les bailies royales les plus proches sont Tournon d’Agenais, à une trentaine de kilomètres au sud de Sauveterre, et Monflanquin à peu près à la même distance à l’ouest. On en conclut que l’influence était d’autant plus faible qu’il ne pouvait donc pas s’appuyer sur une place forte au cœur de cette région avant Sauveterre.
Au niveau militaire, la paroisse de Vars est une zone frontalière, donc primordiale dans la défense de l’Agenais. Sa position géographique fait de ce site un axe de pénétration privilégié, ce qui a pour effet de rendre cette place stratégiquement de première importance.
chateau vu du ciel
- Les premières traces écrites du château de Sauveterre
Elles remontent à l’année 1289, date de sa construction. Les rôles gascons font une référence dès l’année suivante 1290. Mais jusqu’en 1304 aucune autres références ne nous est parvenues, date à laquelle des travaux, dirigés par Guillème de Genève maître d’ouvre, sont mentionnés par les Rôles Gascons en janvier de la même année. L’année suivante on trouve un Raymond Hugues de Tarnac, (ou Carnac), damoiseau, comme bailli et châtelain de Sauveterre pour le roi d’Angleterre. Cela pour une année : il occupa sa fonction du 24 juin 1304 au 24 juin 1305.
- La Guerre de St Sardos
Les évènements qui ont entraîné la guerre de St Sardos sont multiples :
1.     Les difficultés diplomatiques entre les rois de France et d’Angleterre étaient permanentes au sujet de l’hommage dont étaient astreints les rois d’Angleterre, Edouard II puis Edouard III.
2.     Le nombre des affaires gasconnes plaidées devant le parlement de Paris, bien souvent par-dessus l’autorité du duc, mais aussi contre lui, contribuèrent à envenimer les relations des deux souverains.
3.     La destruction de la bastide de St Sardos par Raymond Bernard de Montpezat le 16 octobre 1323, entraîna le conflit.
Après plusieurs tergiversations juridiques sans résultat envers Raymond Bernard de Montpezat, et les erreurs diplomatiques du roi d’Angleterre, le roi de France considéra qu Edouard II favorisait la rébellion de ses sujets. Charles IV décida, en juin 1324, de faire confisquer tous les fiefs du duc d’Aquitaine. Cette déclaration de guerre fit réagir immédiatement le roi d’Angleterre. Il décida de réparer et de mieux garnir ses châteaux en vivres, en matériel de guerre et en effectifs. Mais cette décision arrivait, tout de même bien trop tard.
L’intérêt de cette décision est de nous permettre de voir quelle était « l’ampleur » des moyens mis en œuvre.
J. Gardelles nous donne de nombreuses informations sur cette mise en défense, notamment le coût et le nom des places « remise en état » de combattre. Il nous dit « qu’entre la St Michel 1323 et la St Michel 1324, 4473 livres tournois ont été dépensées pour la réparation des fortifications des châteaux de Bordeaux, Marmande, La Réole, Penne, Sainte, les bastides agenaises de Miramont, de St Damien et bien sûr du château de Sauveterre ». Quant aux fournitures militaires et domestiques, elles servirent surtout pour ravitailler Bordeaux, La Réole et les principales places fortes de L’Agenais : Marmande, Montpezat, Mongaillard, Penne, Tournon et Sauveterre.
Nous pouvons donc encore une fois remarquer que le château de Sauveterre se situe au centre des préoccupations du roi d’Angleterre dans la mise en défense de ses territoires. Ceci parce qu’il représente une des places les plus importantes du duché, notamment à cause de sa situation frontalière.
Il semble que le château de Sauveterre ne soit récupéré par le roi d’Angleterre ou ses partisans, qu’une vingtaine d’années après la guerre de St Sardos. En effet, lors de la chevauchée, en 1345 d’Henry de Lancastre, comte de Derby, celui-ci passe à une quinzaine de kilomètres du château de Sauveterre, sans en faire mention, sans chercher sa protection ou à s’y ravitailler lors d’une étape, et sans l’attaquer non plus.
Il semblerait qu’en 1346 le roi d’Angleterre n’ait toujours pas repris son château. Cela se vérifie par le « don de 100 livres tournois de rente perpétuelle à Evrard de la Roche, chevalier, en sus des 600 livres qu’il reçoit annuellement pour ses gages de gardien du château de Sauveterre, dans la sénéchaussée d’Agen » information fournies par un document émanant de la chancellerie du roi de France. Nous pouvons donc en conclure qu’est présent à Sauveterre, dès l’année 1346, un châtelain royal aux ordres du roi de France. De plus ce document nous donne une indication supplémentaire sur l’aspect chronologique de la prise de fonction d’Evrard de la Roche. En effet les termes « en sus des 600 livres... », montre qu’il était déjà capitaine de Sauveterre lors de l’augmentation de ses traitements. On peut donc considérer que ce chevalier occupait ce poste avant 1346, ce qui confirmerait la possession du château par le roi de France pendant la chevauchée du comte de Derby.
Par contre il semblerait que l’appropriation de Sauveterre par les rois de France, soit momentanément remise en question à partir de 1348. C’est à cette date que le château retourne dans la sphère d’influence du roi d’Angleterre Edouard III, puisque celui-ci en fait don à Bertrand de Durfort, seigneur de Gageac, le 22 juillet de l’année 1348. Ce don est total puisqu’il porte sur le château et « communauté » de Sauveterre. Il comprend tous les droits et la justice, et s’étend à sa descendance, « Bertrando et suis heredibus et successoribus... ». Cette donation intervient en faveur d’un des membres de la famille des Durfort, pour bon et loyaux services.
Ce document tend à prouver la perte de Sauveterre par le roi de France, entre 1346 et 1348. Cette perte ne semble possible que par une attaque des forces d’Edouard III. Cela permet d’avancer l’hypothèse que le château a été pris dans ce laps de temps.
Malheureusement pour Bertrand de Durfort, cette donation ne lui profita que peu de temps, puisque le parti français reprit la place quelques années plus tard, en la personne de Hugues de Blanquefort, qui fut nommé capitaine de Sauveterre en 1352. Il semble probable que l’intérêt porté à Sauveterre par Hugues de Blanquefort aille au delà de la loyauté envers le roi de France. En effet cet homme possède un Château portant son nom à quelques kilomètres ( moins de cinq) de Sauveterre. De plus, il fut par la suite capitaine de Villefranche en 1354 et des membres de sa famille lui succédèrent jusqu’en 1356 au poste de capitaine de Villefranche. Il semble que ce personnage soit redevenu ( il était au début du XIIéme siècle baron de Pujols, titre et possession perdus pour leur attachement à la cause toulousaine lors de la croisade des albigeois) un élément incontournable dans la géopolitique locale en ce milieu du XIIIéme siècle.
Nous pouvons voir ici, une tentative d’intéressement personnel à la guerre de Cent Ans, de la part d’un seigneur local. Il est à remarquer que cette domination des Blanquefort dans cette partie de l’Agenais et du Périgord ne dura que peu de temps puisque la bastide de Villefranche fut reprise par les troupes anglo-gasconnes en 1358. Par ailleurs, la famille des Blanquefort fidèle au roi de France aurait émigré en Rouergue après le traité de Brétigny de 1360. Le château se retrouve donc de nouveau sous domination anglaise, confirmée par le départ des Blanquefort pour le Rouergue.
Aucun document ne fait mention du Prince Noir à Sauveterre et dans l’absence de preuves, le passage de celui-ci et la construction ou occupation d’une tour portant sont nom, ne peut être retenu, malgré la tradition orale local.
Nous arrivons maintenant dans une période particulièrement obscure de l’histoire de Sauveterre, puisque nous ne retrouvons sa trace qu’en 1432.
En 1432 la forteresse sort enfin de son anonymat, du fait de sa conquête par Arnaud, dit Naudonnet, de Lustrac. Ce capitaine du roi de France était le chef d’une famille puissante de l’Agenais. Il faisait partie des plus hauts barons locaux, comme les Albret, les Durfort, les Monpezat, les Orgueil ..., bien plus reconnus et influents que les Fumel. Il fut un des seigneurs qui pouvaient être en droit de figurer au premier rang, lors de l’investiture de l’évêque d’Agen, droit que se disputaient âprement d’ailleurs les grandes familles de l’Agenais.
L’information importante n’est pas la prise du château, mais le fait que Naudonnet en devient le capitaine et cela avant mars 1433. Cette information figure un document où l’on trouve une « rémission pour Naudonnet de Lustrac, écuyer, capitaine de Penne, de Lauzerte et de Sauveterre, dans la sénéchaussée d’Agenais ».
Quant à la charge de capitaine de Sauveterre elle commence certainement avant le mois de mars 1443, date de la lettre de rémission, dans laquelle Naudonnet de Lustrac est déjà capitaine de Sauveterre et s’étend après 1438, car il l’est encore dans le document (sité ci-dessus) portant cette datation.
Sauveterre replongea dans l’oubli pendant une trentaine d’année, jusqu’en 1476. C’est à cette date qu’apparaissent de nouveaux seigneurs, ceux de la famille de Sermet, puisqu’il est fait « don à jean Sermet, éscuyer et à ses prédécesseurs, du lieu de Sauveterre en la sénéchaussée d’Agenais pour les récompenser de leur attitude contre l’ennemi anglais » au mois d’août 1476.
Il semble que cette nouvelle dynastie ait quelque peu perduré puisque l’on retrouve « Philippe Sermet, escuyer, et autres demeurant à Sauveterre aux Treilhes, en Agenais : son feu père était de son vivant, seigneur de plusieurs lieux de la sénéchaussée de Quercy. » en octobre 1480.
Cet élément amène plusieurs informations :
  • la première se base sur le fait que c’est la première fois qu’à Sauveterre se succède des seigneurs et qu’ils se transmettent cette seigneurie en temps que patrimoine familial.
  • le deuxième point, porte sur le fait que ces seigneurs, ont prit l’habitude d’y résider, à tel point que la correspondance des Sermet y soit adressée, et que le roi, ou plutôt ses agents, en aient pris notes.
Les autres informations connues sur cette famille de Sermet nous permet de dire qu’ils ne sont pas de simples milites du roi de France, mais une famille locale bien établie. En effet cette famille possédait un château du même nom, dont le donjon serait d’ailleurs contemporain du château de Sauveterre, et peut être même une forme de réponse à la construction de Sauveterre. On trouve cette famille dès le milieu du XIII siècle, évoluant dans le milieu des « milites castri ». Puis les membres de cette famille se distinguèrent au service du roi de France Charles VII, et se dévouèrent pour le comte du Périgord Alain d’Albret, ce qui les fit sortir de l’ombre. Cela ce concrétise, en 1454, avec Antoine de Sermet qui occupe la charge de gouverneur de Villefranche. Mais le personnage le plus important de la famille, celui qui a occupé les fonctions les plus hautes, fut Jean, fils d’Antoine, Seigneur de Sermet et de Sauveterre. Il fut marié à Marguerite de la Roque de St Pompon, famille vassale du comte de Périgord. Sa plus haute fonction fut notamment d’occuper en 1480 le poste de gouverneur du Périgord, charge qui lui fut confiée par Alain d’Albret.
Les Sermet furent donc la première et la dernière dynastie seigneuriale de Sauveterre pour l’époque médiévale
                                                 Texte Jérôme Morénaud
 



 
 
 



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